Disparue...

Le vent d'automne balaie impitoyablement la colline.
Dans le feuillage dégarnit du grand saule il mugit.
Sa musique discordante a fait fuir la mandoline,
Mon coeur est en deuil, il pleure sa peine et rugit.

 Agenouillé près de cette pierre aujourd'hui inerte,
Entouré de ces dernières fleurs aux pétales fanés,
Survolé par l'oiseaux dont le chant me déconcerte,
Je prie pour qu'elle reprenne ses airs si spontanés.

 Tous ces nuages qui coiffaient si bien tant de rêves,
Toute cette beauté des matins clairs, ensoleillés,
Ces princes et princesses se rencontrant sur la grève,
Ces amants et maîtresses qui s'aimaient, émerveillés!

 Tous ces clairs de lune qui enivraient les nuits,
Toutes ces mers houleuses qui se sont déchaînées,
Ces dieux et déesses qui rôdaient sans bruit,
Ces jardins de roses qui embaumaient les pensées.

 Mes yeux s'ouvrent sur la grisaille du cénotaphe,
Une larme glisse et vient mouiller sans fantaisie
Ces mots grossièrement gravés en guise d'épitaphe.
Ici gît : La Poésie!

 

 Pierre Cusson

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